Selon plusieurs études, la présence du sport féminin dans les médias traditionnels canadiens demeure désespérément faible, oscillant entre seulement 4 à 6 %… et ce, depuis 35 ans. À des années-lumière de l’égalité, il est difficile d’imaginer atteindre la parité un jour. Soyons honnêtes, c’est choquant ! Et c’est précisément cette statistique qui nous a alarmés.
Heureusement, nous assistons aujourd’hui aux prémices d’un réel changement, et nous croyons que les prochaines générations pourront profiter d’un sport féminin plus accessible, spectaculaire et divertissant, avec les mêmes ressources dont bénéficie actuellement le sport masculin. En comptabilisant les réseaux sociaux et le web, la visibilité du sport féminin grimpe à 15 %. D’ailleurs, selon Véronique Dubois, directrice de la programmation à TVA Sports et invitée de notre documentaire Sportives sur l’Adrénaline, le sport féminin représente entre 15 et 18 % de la couverture médiatique de leurs chaînes. Elle ajoute : « Mais encore là, ce n’est pas suffisant. » Et nous sommes bien d’accord !
Voir cette publication sur Instagram
Si nous soulevons ce point, c’est parce que ce manque à gagner a des conséquences importantes. Nous croyons qu’il est essentiel d’en prendre conscience pour pouvoir collectivement contribuer aux changements et à l’avancement des femmes dans le sport.
L’IMAGE = DE L’ARGENT
On le sait, l’industrie du sport repose sur les commandites. Comme l’explique Florence-Agathe Dubé-Moreau, l’une des spécialistes du documentaire : ‘’si les femmes n’ont pas accès à l’image, on ne pourra jamais atteindre l’égalité parce l’image veut aussi dire commanditaires, donc de l’argent.’’ Pour devenir une athlète capable de rivaliser avec les meilleures au monde, il faut y consacrer tout son temps et avoir accès à des ressources: installations et équipement de qualité, équipes spécialisées, compétitions de niveau international, etc. C’est d’ailleurs pourquoi les nouvelles générations dominent les podiums, comme l’indique notre précédent article Sports d’Action : Un nouveau modèle porté par la Gen Z.
Voir cette publication sur Instagram
Laurie Blouin, snowboardeuse professionnelle, aborde justement ce sujet dans le documentaire. Pour atteindre les plus hauts sommets, elle privilégie l’entraînement avec le Air Bag. Mais une session peut coûter jusqu’à 2000$ ! Elle souligne: ‘’sans l’argent des commanditaires, tout ça ne serait pas possible.’’ Selon elle, le manque de commandites pour les femmes contribue aux inégalités dans le sport—surtout en raison des montants alloués par contrat, souvent inférieurs à ceux des hommes. Mais logiquement, si vous étiez commanditaire, investiriez-vous davantage dans les hommes, qui occupent 95 % de la couverture médiatique, ou dans les femmes, qui en occupent en moyenne seulement 5 % ? Un véritable cercle vicieux, n’est-ce pas ?
Voir cette publication sur Instagram
C’est pourquoi il est crucial d’investir dans le sport féminin. En ce moment, il coûte moins cher, mais à long terme, il pourrait s’avérer extrêmement rentable ! C’est d’ailleurs l’initiative que s’est lancée la société Canadian Tire en 2023, en s’engageant à allouer au moins 50 % de ses fonds de commandite à l’avancement du sport professionnel féminin d’ici 2026. Et il faut saluer la marque Nike, qui depuis 1972 est un précurseur dans le soutien du sport féminin. Espérons que ces initiatives inspireront d’autres entreprises à suivre le mouvement !
Voir cette publication sur Instagram
LE MANQUE D’IDENTIFICATION DES FILLES/FEMMES AU SPORT
À l’échelle mondiale, les statistiques s’accordent pour dire que les jeunes filles sont moins actives que les garçons, et c’est un véritable enjeu de société quand on constate qu’au terme du secondaire, 9 filles sur 10 ne répondent pas aux normes canadiennes en matière d’activité physique. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène, mais le manque de représentativité est sans aucun un facteur clé. Les jeunes filles ont besoin d’inspiration pour comprendre qu’elles ont une place dans le sport et pour développer un sentiment d’appartenance.
Les modèles de réussite féminine dans le sport sont essentiels puisqu’on ne peut pas être ce que l’on ne voit pas !
Par exemple, les jeux Olympiques de 1976 à Montréal ont été les premiers jeux à être diffusés à la télévision. Pour la première fois, le public pouvait voir des femmes pratiquer des sport à l’écran. Cet événement a eu un impact incroyable sur le taux d’inscription des filles en sport, notamment en gymnastique, car elles rêvaient toutes de devenir la prochaine Nadia Comaneci.
Voir cette publication sur Instagram
Dans les sports extrêmes, Laurie Blouin confie en entrevue que Jamie Anderson a été une figure emblématique pour elle. Véritable légende du snowboard, Jamie a marqué l’histoire des sports d’action, remportant notamment 21 médailles aux X Games. Dans les années 2010, elle a prouvé aux femmes du monde entier qu’il était possible de vivre de sa passion, à une époque où la présence féminine dans les sports d’action était encore rare. Aujourd’hui, l’effet d’émulation est indéniable : le snowboard féminin atteint des sommets inégalés, les performances sont spectaculaires, et le public est bel et bien au rendez-vous !
CROIRE QUE LE SPORT FÉMININ N’INTÉRESSE PAS LES GENS EST FAUX !
Les experts s’entendent pour dire que le choix des médias contribue au désintérêt du public pour le sport féminin. Le manque de couverture médiatique perpétue l’idée que le sport féminin est moins important ou moins captivant que le sport masculin. Pourtant, dès qu’on en parle, qu’on le rend accessible et qu’on en fait la promotion, le public répond présent ! Nous l’avons vu en 2024 avec la première saison de la LPHQ : les 21 105 sièges du Centre Bell étaient remplis et les billets se sont vendus en un temps record!
Voir cette publication sur Instagram
Scott Guglielmino, directeur général des X Games, a d’ailleurs déclaré en 2024 qu’ils avaient choisi de clore les X Games d’hiver avec une épreuve féminine en raison des excellents taux d’audience : « Le public est intéressé, et nous avons constaté une augmentation significative de l’engouement. » Les événements sportifs et les récents X Games seront d’ailleurs au centre de notre prochain article.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : 49 % des Canadiens estiment que regarder du sport féminin est tout aussi, voire plus, divertissant que de regarder du sport masculin. Et les femmes aussi regardent du sport ! Toujours selon Véronique Dubois, 39 % de l’auditoire de TVA Sports et TVA Sports 2 est féminin.
COLLECTIVEMENT, DONNONS PLUS DE VISIBILITÉ AUX SPORTIVES
Voir cette publication sur Instagram
Par nos actions, tentons de rééquilibrer la visibilité accordée aux femmes par rapport aux hommes dans le sport. Et ça commence par chacun de nous—en regardant et en partageant du contenu sportif féminin. Chez Tribu, nous faisons un effort conscient pour mettre de l’avant des images de femmes en action dans nos publications. Ce n’était pas toujours un réflexe, et c’est normal : la sphère sportive est dominée par les hommes depuis des centaines (voire des milliers) d’années. Mais il est grand temps de changer ces vieilles habitudes désuètes !