Le sport est un puissant vecteur d’émancipation aux bienfaits indéniables sur la santé physique, mentale et sociale. Pourtant, les filles canadiennes abandonnent le sport selon l’étude ‘’Le signal de ralliement’’ de Femmes et Sports Canada:
· Jusqu’à 62 % des adolescentes canadiennes ne pratiquent aucun sport.
· 1 fille sur 3 qui a pratiqué un sport l’abandonne d’ici la fin de l’adolescence, plus de 3 fois plus que le taux d’abandon chez les garçons.
· Seulement 18 % des femmes âgées de 16 à 63 ans continuent de s’impliquer dans le sport.
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Et dans les sports d’action – skateboard, planche à neige, vélo de montagne, sport d’eau vive – les femmes restent sous-représentées et moins enclines à participer. Face à ce constat, des communautés sportives 100 % féminines émergent et rencontrent un énorme succès et la demande est grandissante. Parce que la motricité et les réflexes, ça se développe comme n’importe quoi!
Pourquoi ces rassemblements sportifs féminins sont-ils si essentiels ? Quels freins lèvent-ils ? Comment permettent-ils aux femmes d’oser, de progresser et de s’épanouir dans ces disciplines ?
L’IMPORTANCE D’UN ESPACE SÉCURISANT ET BIENVEILLANT
43 % des adolescentes ont indiqué que la qualité de l’expérience sportive constituait un obstacle.
1 fille sur 5 âgées entre 6 à 17 ans mentionne que des préoccupations au regard de l’intimidation et de la sécurité (violence/agressions) constituent un frein à la participation sportive.
Dans un environnement mixte, certaines femmes peuvent se sentir intimidées et ressentir une forme de pression, notamment face au regard des autres ou aux stéréotypes de genre encore bien ancrés. La performance et la compétition dans le sport peuvent également freiner certaines femmes. Les groupes féminins offrent une atmosphère plus détendue, valorisant avant tout le plaisir, l’entraide et la progression personnelle où chacune se sent libre d’apprendre sans peur du jugement.
De plus, la comparaison joue un rôle clé dans la motivation des femmes. Voir une autre réussir inspire et encourage car elle voit que c’est possible : ‘’Si elle le fait, ben moi aussi je suis capable !’’. Contrairement à un cadre mixte où la différence de niveau avec les hommes peut décourager (« il est plus fort que moi, je n’y arriverai pas »), une dynamique féminine permet de se projeter plus facilement et d’oser essayer. Pratiquer entre femmes enlève alors un poids, encourage à dépasser ses limites sans crainte, ce qui offre plus de liberté d’être et de faire!
Dans ces espaces, l’important n’est pas d’être la meilleure, mais d’avancer à son propre rythme, d’apprendre en s’amusant et de partager des moments enrichissants pour favoriser une pratique durable. Annie Guglia dit dans le documentaire Sportives sur l’Adrénaline lors du Girls Sk8 Day: ‘’L’important c’est de créer une communauté. Les filles à Akwesasne, elles viennent ici et rencontre des filles qui font du skate aussi, pi ça leur fait un point en commun, pi là ça tisse des liens et avec un peu de chance, elles vont continuer à en faire ensemble pendant longtemps.’
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CASSER LES STÉRÉOTYPES ET BRISER LE SENTIMENT D’IMPOSTEUR
1 fille sur 3 rapporte les facteurs suivants comme l’empêchant de pratiquer un sport* :
Faible confiance en soi
Image corporelle négative
Manque de compétences perçu
Faible sentiment d’appartenance
Ne se sent pas la bienvenue
(*Source)
Le sport a été fait et pensé par et pour les hommes. Les stéréotypes du type « courir comme une fille » et de collectivement entretenir le discours que les filles sont moins bonnes que les hommes, alimentent un sentiment d’illégitimité chez certaines femmes. Ce conditionnement social internalisé impacte la perception qu’ont les femmes de leurs propres compétences sportives et ça crée un blocage qu’il faut surmonter. Pratiquer un sport dans un cadre féminin permet de déconstruire ces idées reçues et d’évoluer dans un environnement où la progression est encouragée sans comparaison constante avec la performance masculine.
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Samantha Secours révèle d’ailleurs dans la websérie Sportives sur l’Adrénaline: La relève, que ‘’Moi je me suis vraiment souvent faite dire ‘’t’es stylé pour une fille’’, ‘’tu as un style de gars’’. Suis-je supposée dire merci?! Ça c’est rough à entendre pi c’est quelque chose que j’entends tout le temps.’’
En se regroupant, les femmes prouvent qu’elles ont toute leur place dans ces sports dit plus masculin et contribuent à changer les mentalités. Plus il y aura de femmes visibles dans des sports d’action, plus les jeunes filles auront de modèles auxquels s’identifier. Cela ouvre la voie à une meilleure représentation féminine et encourage davantage de femmes à se lancer.
La spécialiste en sport féminin, Guylaine Demers, mentionne dans le documentaire Sportives sur l’Adrénaline : ‘’Il faut défaire les stéréotypes autour des filles qui font du sport. On peut faire ce qu’on veut si on a l’opportunité de développer nos habiletés.’’ Annie Guglia ajoute : ‘’Il y a des petites filles maintenant qui ne savent pas que (le skate) c’est un sport de gars ! ’’. La relève qui voit des filles et pratiquent avec des filles, n’internalisent pas que le sport est masculin et foncent sans même penser qu’il existe des obstacles.
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PARTAGER DES EXPÉRIENCES ET DES DÉFIS COMMUNS
Les femmes rencontrent des défis spécifiques dans le sport, liés notamment à la physiologie (cycles menstruels, grossesse, post-partum, ménopause…) ou aux enjeux sociaux (répartition des tâches, charge mentale, manque de modèles féminins). Dans une communauté féminine, ces réalités sont comprises et prises en compte. Elles deviennent des sujets de discussion normaux, et non des freins à la pratique sportive. Certaines équipes de haut niveau intègrent même ces aspects dans leur approche. Par exemple, l’équipe nationale féminine de football des États-Unis suit les cycles menstruels de ses joueuses pour adapter les entraînements et maximiser la performance tout en réduisant le risque de blessures.
Ce type d’initiative illustre à quel point une prise en compte spécifique des besoins féminins peut favoriser l’épanouissement et la réussite sportive. Dans un groupe où l’on se sent comprise et soutenue, on ose plus !
Olivia Asselin, médaillée d’or aux X Games, le mentionne dans l’épisode de la websérie sur le ski acrobatique : ‘’ Je pense que toutes les filles on serait d’accord pour avoir une femme avec nous. On aurait la chance de se sentir beaucoup plus comprise.’’
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L’étude Keeping Girls in the Games de Womens Sport foundation mentionne que les filles qui apprécient leur entraîneur(e) seront plus motivées pour continuer le sport à l’avenir. Il faut donc créer des liens positifs entre les membres de l’équipe, mais aussi entre les coachs et les athlètes. Parfois, avec des hommes entraîneurs, certaines femmes peuvent avoir le sentiment de se faire ‘’mansplainer’’. Et la ligne est mince et difficile à comprendre, mais recevoir des instructions par une femme qui connait toutes les enjeux qu’une femme peut vivre, ça peut être plus stimulant. L’importance du leadership féminin sera d’ailleurs le sujet de notre prochain article.
Un espace féminin offre un environnement qui permet aux femmes d’occuper des rôles actifs, d’apprendre sans paternalisme, et elles peuvent ainsi reconnaître leur force et leur autonomie physiques.
5 COMMUNAUTÉS SPORTIVES FÉMININES À DÉCOUVRIR
Si tu cherches un groupe pour débuter ou progresser dans un sport d’action entre femmes, voici quelques communautés inspirantes :
👉 Les Chèvres de Montagne – C’est la communauté de femmes en plein air au Canada. Randonnée, escalade, vélo de montagne, ski/snowboard, canot-camping, pêche et même premiers soins ! Leur mission est de développer la confiance des femmes sur le terrain grâce à des événements d’initiation, de progression et des formations.
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👉 Les Poules qui roulent – Un groupe de filles passionnées de vélo de montagne qui souhaitent démocratiser ce sport de façon sécuritaire et dans le plaisir. En plus, tu peux ouvrir un chapitre des Poules dans ta régions si elle n’est pas représentée. Go go go !
👉 Pink Water – Un collectif pour les femmes désirant s’initier et pratiquer les sports d’eau vive en démontrant qu’ils sont accessibles pour tous, contrairement à la croyance. Les femmes de tous âges sont sollicitées dans l’objectif de générer en elles une valorisation personnelle et un dépassement de soi.
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👉 Canton Shred au Féminin (Estrie) Les Vagabonnes (Montréal) et Comelady (Tournée à travers le Québec) – Des groupes qui rassemblent des femmes/filles de tous niveaux qui veulent pratiquer la planche à roulette pour s’encourager les unes les autres parce qu’un skatepark peut vraiment être intimidant. En gang, tu te sens moins seules !
👉 Salty Souls – Une communauté où tu peux t’initier et pratiquer le surf entre femmes, en plus d’optimiser l’autonomisation et le développement personnel. La mission du Salty Club est de vous permettre d’aiguiser facilement votre corps, votre esprit et votre âme, où que vous soyez dans le monde, 365 jours par an.
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VERS UN SPORT PLUS INCLUSIF
Encourager la création d’espaces 100 % féminins, ce n’est pas exclure les hommes, mais offrir aux femmes un cadre où elles peuvent s’épanouir pleinement, développer leurs compétences et gagner en confiance. Ces initiatives permettent non seulement de corriger les inégalités d’accès, mais aussi de transformer durablement la culture du sport. Plus les femmes seront nombreuses à investir ces disciplines, plus elles contribueront à déconstruire les stéréotypes et à redéfinir les normes.
La dynamique est en marche. Il ne reste plus qu’à l’encourager et à multiplier ces espaces pour que chacune puisse s’approprier le sport, sans limites ni barrières. 🚀💪