Oui il y a une augmentation de la participation des femmes dans l’univers sportif sur la scène internationale, mais le progrès en ce qui concerne le leadership féminin est faible. Au sein des organisations sportives, les femmes sont considérablement sous-représentées dans les postes de pouvoir, que ce soit au sein des conseils d’administration, dans les postes décisionnels (direction générale) et d’autorité (officielles et entraîneures).
À travers les années, on constate que les chiffres augmentent très lentement, et même baissent. 😲 Sans oublier que les femmes qui obtiennent ces postes demeurent souvent à des niveaux moins élevés de compétition, incapables de gravir les échelons vers la compétition de haut niveau.
Guylaine Demer, spécialiste en sport féminin le mentionne dans le documentaire Sportives sur l’Adrénaline : « J’ai joué activement plusieurs rôles dans le système sportif au sein de ma carrière, et je n’en revenais pas de constater à quel point le sexisme est omniprésent et normalisé.’’
Pourquoi les femmes ne sont pas davantage présentes dans ces postes ? Comment l’augmentation du leadership féminin aiderait à l’atteinte d’un univers sportif plus inclusif? Et que faut-il faire pour qu’il en soit ainsi? Voici quelques éléments de réponse.
CASSER UNE CROYANCE ERRONÉE
L’un des arguments souvent avancé pour justifier l’absence des femmes dans les rôles de leadership sportif c’est qu’elles ne sont tout simplement pas intéressées par ces postes d’autorités et de pouvoir. Cette idée, totalement infondée, repose sur des stéréotypes profondément ancrés (comme d’habitude !). En réalité, de nombreuses femmes souhaitent occuper ces postes, mais elles se heurtent à des obstacles systémiques qui entravent leur accès à ces postes et leur progression.

Dès le début de leur carrière, elles sont confrontées à un manque d’accès aux ressources essentielles pour évoluer : moins de possibilités de mentorat, un réseau professionnel plus restreint, et des salaires souvent inférieurs à ceux des hommes pour des postes similaires. Elles vivent de l’intimidation et de l’exclusion de la part des autres collègues. Et elles doivent déployer bien plus d’efforts pour obtenir le respect et la crédibilité que leurs homologues masculins reçoivent naturellement. Ce n’est donc pas un manque d’intérêt, mais du découragement face à une réalité bien en place qui ne change pas malgré les années qui passent.
DISCRIMINATION SYSTÉMIQUE : ON MET EN DOUTE LE TALENT DES FEMMES.
Même lorsque des femmes réussissent à accéder à des rôles de leadership dans le sport, elles doivent continuellement faire face à une remise en question de leurs compétences. C’est ici que la discrimination systémique entre en jeu. Contrairement aux hommes, dont l’autorité est généralement acceptée sans discussion, les femmes sont davantage soumises aux critiques et aux doutes, qu’ils viennent de leurs collègues, des institutions ou du public.
Le cas des arbitres féminines, par exemple, est emblématique. Les femmes officiant dans des compétitions sont souvent confrontées à des comportements sexistes, des remarques désobligeantes et une remise en question de leur autorité. Pourtant, elles sont formées de la même manière que leurs homologues masculins, et leurs décisions sont tout aussi valables. Selon l’étude de Danford (2019), des arbitres femmes affirment avoir vu à plusieurs reprises des officiels plus jeunes et moins compétents qu’elles gravir les échelons plus rapidement.
Face à ces difficultés, beaucoup de femmes finissent par quitter ces postes, non pas par manque de motivation, mais parce que l’environnement ne leur permet pas de progresser sereinement. Cela crée un cercle vicieux où la sous-représentation féminine se perpétue, faute de modèles et de soutien suffisant. Par exemple, selon les données compilées par la Chaire Claire-Bonenfant (2019), la proportion d’officielles a baissé entre 2004-2005 et 2017-2018, passant de 42 à 36% à l’échelle provinciale, de 37 à 28% à l’échelle nationale, et de 34 à 29% à l’échelle mondiale.
Important! La discrimination ne se fait pas seulement par des hommes! Les femmes aussi entretiennent l’idée que les hommes font une meilleur job que les femmes dans le sport. Ayant internalisées que les femmes sont moins bonnes en sport, il est logique de se dire que les femmes ne feront pas un aussi bon travail dans des postes de pouvoir.

Les athlètes féminines, rendues à un plus haut niveau de compétition, veulent un homme comme entraîneur, considérant à tort qu’ils seront meilleurs. Elles n’ont tout simplement pas vu d’exemple d’athlètes de haut niveau coachés par une femme dans leur discipline. Ça a été la constatation d’une de nos athlètes de la relève pendant une entrevue. Cette prise de conscience l’a marquée de plein fouet : ‘’Je suis moi-même sexiste!’’. On le fait tous sans s’en rendre compte. C’est pourquoi on en parle là!!