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Sport féminin et événementiel : comment éviter que les femmes restent en arrière-plan ?

En tant que producteur d’événements sportifs, nous nous sommes questionnés à savoir si nous faisions assez pour que les athlètes féminines se sentent les bienvenues et traitées de façon égalitaire. Nous aimerions bien sûr atteindre le même nombre d’athlètes hommes que femmes, tel que les JO de Paris y sont enfin arrivés en 2024…mais rappelons-nous quand même que ça leur aura pris 124 ans !

 

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En fait, les athlètes féminines ne sont pas toujours au rendez-vous dans les événements de sports d’action. Pourquoi donc ? Est-ce parce qu’elles ne vivent pas une belle expérience ? Peut-être qu’elles ne se sentent pas rejointes ou représentées ? Est-ce qu’on fait ce qu’il faut pour les faire shiner ? En ouvrant le dialogue avec des athlètes féminines, nous partageons avec toi les éléments qui sont ressortis concernant les inégalités de traitements entre les femmes versus les hommes dans l’événementiel sportif.

Des horaires de compétition défavorables

Une difficulté que les femmes rencontrent, c’est la programmation des événements sportifs qui influence énormément la visibilité et la reconnaissance des athlètes. Trop souvent, les compétitions féminines se retrouvent reléguées à des plages horaires peu attrayantes, comme en début de journée ou dans des créneaux où le public est absent. Pire encore, elles sont souvent les premières à être annulées en cas de contraintes (météo, logistique, diffusion TV).

Pourquoi donc les plages horaires des femmes sont souvent moins avantageuses ? La réponse en est une de logique commerciale et d’audience. Les organisateurs placent les épreuves masculines en prime time car ils estiment qu’elles attirent plus de téléspectateurs et de sponsors. Cette logique envoie un message aux athlètes féminines comme quoi elles ne sont pas importantes ou certainement moins que les hommes. Ça leur enlève de la crédibilité et de la visibilité. Pourtant elles se déplacent tout autant et donnent 100% ! Qui aime donner un spectacle dans une salle vide et sans encouragements ? C’est décourageant et tu as l’impression de ne pas avoir ta place. Ça envoie ce même message au public qui a donc moins ou pas accès aux performances féminines.

 

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Une publication partagée par Laurie Blouin (@laurieblouin1)

Heureusement, certains événements essaient de s’ajuster. Aux X Games d’hiver de 2024, les organisateurs ont décidé de clôturer leur événement par la finale de Big Air féminine. Nous y étions, et laissez-moi vous dire que le public était au rendez-vous !
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Placer une finale féminine en fin de journée ou en clôture d’événement ne devrait pas être une exception, mais une habitude d’évolution logique!

Redéfinir le regard sur le sport féminin

L’événementiel repose sur la performance car son succès réside dans les moments WOW qui font vibrer la foule, mais la progression est tout aussi importante à valoriser et WOW! Trop souvent, les performances des athlètes féminines sont relayées aux oubliettes parce que tant et aussi longtemps qu’on va comparer le sport féminin par rapport au sport masculin, les femmes seront malheureusement toujours inférieures. Ce sont deux choses complètement différentes. Les hommes athlètes sont physiquement, par leur ADN différent, plus fort, plus rapide et plus robuste. En comparant les deux, les femmes seront toujours perdantes.

(Ici je précise homme athlètes, parce que dans la vie de tous les jours, plusieurs femmes sont plus fortes, plus robustes, plus rapides que leurs homologues masculins !).

 

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Lors des derniers X Games, Hiroto Ogiwara a landé le premier 2340 et partout ça a fait jaser ! Au niveau des femmes, Kokomo Murase a accompli le premier frontside triple cork 1440 en compétition.

 

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Chloé Kim a atterri le premier double cork 1080 au Superpipe.

Zoi Sadowski-Synnott a exécuté le premier Backside Triple 1440 en compétition de slopestyle. Oui un 2340 c’est plus gros qu’un 1440, mais les femmes atteignent enfin des niveaux inégalés et c’est tout aussi incroyable à regarder !

Lors d’une pré-entrevue faite avec Annie Guglia, elle me dira : ‘’On pense à tort que comme les hommes ont de meilleures performances dans les sports, c’est plus important. Qu’il y a plus de monde qui sont intéressés à regarder ça parce que c’est plus performant. Mais il n’y a pas seulement la performance qui compte. Moi j’aime mieux regarder un match de soccer féminin, ça m’intéresse bien plus qu’un match de dudes parce que depuis qu’on est né qu’il y a que ça des dudes qui joue au soccer. On en revient là !’’

Les hommes ont une longueur d’avance car ils ont toujours fait du sport alors que les femmes c’était interdit pour elles. On a au moins 100 ans de rattrapage à faire. C’est plus long dans le sport extrême car encore plus rare. Les organisateurs d’événement se disent donc que c’est moins impressionnant le volet féminin et que ça n’intéresse pas leur public. Mais plus on leur donne d’importance, plus il y a de filles présentes et plus le niveau augmente parce qu’on veut progresser pour faire mieux que les autres.

 

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Laurie Blouin nous dira en pré-entrevue : « Maintenant il y a pleins de bonnes filles comparativement à avant ou c’était seulement 3-4. Aujourd’hui on est une dizaine vraiment bonne à l’internationale pi tout le monde est inspirantes !! Il y avait un gros gap avant avec les gars et aujourd’hui on se rapproche. C’est ça qui est le fun. Les filles progressent vraiment beaucoup, pi même le monde préfère maintenant regarder les filles que les gars« 

 

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Un entourage encore trop masculin

Malgré l’essor des athlètes féminines dans les sports d’action, l’organisation des événements reste largement dominée par des juges, entraîneurs, commentateurs, arbitres et cameraman/photographes masculins. Comme le dit si bien Guylaine Demers dans notre documentaire: ‘’si les athlètes hommes étaient entourés de seulement des coachs, arbitres, juges, commentateurs femmes, c’est sûr que dans la seconde, il y a quelqu’un qui dirait ben voyons ça ne marche pas ! Il y a seulement des femmes pi on a des athlètes masculins.’’ Ça ne passerait effectivement pas, mais l’inverse pourtant ne dérange pas.

 

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Par exemple, lors des derniers X Games, les épreuves de ski féminin sont commentés par une femme et un homme, mais pour le ski masculin, on revient à deux hommes. Pour le snowboard, le duo Craig McMorris et Brando Graham ajoute à leur côté une athlète féminine du côté des femmes et restent eux deux pour les hommes.

 

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Bravo pour l’effort, c’est une avancée qu’on porte cette attention aujourd’hui, mais ce qui me frappe c’est que les femmes ne commentent pas les hommes. Pourquoi Maggie Voisin qui commente le ski féminin ne serait pas capable de faire la même chose pour les hommes ? Ça ne serait pas crédible ? Vois-tu le message que ça envoie ? Les hommes ont longtemps commenté les femmes, l’inverse nous ferait du bien ! Peut-être que le prochain step c’est qu’on essaie de toujours mettre un gars et une femme.

 

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Chez Tribu, nous en avons pris conscience lors du dernier JACKALOPE comme vous pouvez le voir dans le documentaire. Le président Micah Desforges dira : ‘’C’est un bon point, je n’avais jamais remarqué. C’est comme un réflexe dans un sens. Je connais personnellement moins de talents à proximité pour ces postes.’’ Contrairement au public et aux athlètes, lui voit que son équipe est majoritairement féminine. Mais quand les gens en avant-scène sont seulement masculins, ça perpétue l’idée que les femmes n’ont pas vraiment leur place dans les sports d’action. Nous y avons porté attention pour l’édition 2025 de APIK Mississauga. Kim Lamarre commentait le webcast en ski. C’est un début, et nous nous améliorons événement après événement.

Pourquoi cette invisibilisation des femmes dans l’entourage des compétitions persiste ? Et bien les sports d’action ont longtemps été des “boys clubs” où les premiers pratiquants et organisateurs étaient exclusivement des hommes. Le recrutement se fait souvent par réseau, et dans un cercle masculin, ce sont majoritairement des hommes qui sont choisis pour ces rôles. Les femmes doivent encore prouver leur légitimité pour être juges ou commentatrices, alors que leurs homologues masculins bénéficient d’une reconnaissance automatique.

 

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En résumé, comment changer les choses ?

Rendre les épreuves féminines incontournables
programmer des finales en soirée ou en clôture pour maximiser l’audience.

Diversifier l’entourage des compétitions
recruter des femmes comme juges, coachs, photographes et commentatrices.

Encourager les sponsors à investir dans les athlètes féminines et non seulement dans les figures masculines.

Créer des circuits solides et indépendants pour les femmes
afin qu’elles ne soient pas simplement une “catégorie ajoutée” à des événements masculins.
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Pi tu sais quoi, plus les filles seront mises de l’avant dans les événements, plus le public féminin augmentera. Les femmes représentent 50% de la population, alors ça devrait être lucratif de les intégrer davantage dans vos événements !