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L’événementiel se réinvente : Nouvelles tendances ou solutions éphémères?

Temps de lecture : 5 minutes

On ne se le cachera pas, pandémie et événementiel ne font actuellement pas la paire. Nous naviguons dans cette industrie depuis pratiquement une décennie et comme pour beaucoup de confrères, nous sommes dans une année qui nous apporte beaucoup de challenges. Fort heureusement, savoir s’adapter aux changements de dernière minute est un des talents les plus reconnus dans notre secteur d’activité.

Tout est une question de mindset, et nous sommes nombreux à orienter notre énergie à trouver des solutions et ouvrir la voie à la nouveauté de ce tumulte. Plaisir, qualité, sécurité, authenticité, on doit tout se réinventer pour continuer à rassembler.

De nombreuses entreprises et happenings ont su rapidement adapter leurs pratiques aux nouvelles contraintes avec brio et le mot micro-expérience n’a jamais été aussi trendy. 

Générateur d’émotion ou distraction temporaire ? Nouvelles tendances ou solutions éphémères ? Quelles sont les nouvelles tendances événementielles qui survivront la pandémie ? Quels sont les avantages et inconvénients de ces nouvelles formes d’expérience ? Quelles sont les solutions prometteuses pour attirer et rebondir ?

Photo : Francis Gagnon – Le festif

Baie St-Paul tente la micro-expérience

Avec une affluence annuelle de plus de 40 000 personnes, ses lettres de noblesse ne sont plus à acquérir et sa réputation est bien établie : Le Festif de Baie St-Paul. Clément Turgeon ne croyait définitivement pas que cette soirée arrosée qui fit jaillir l’idée du festival mettrait cette municipalité de 7500 âmes sur la map et ce, pour plus d’une décennie. Comme quoi une petite bulle au cerveau à 3h du matin peut parfois mener loin comme eux-mêmes le disent. Il est tout autant possible d’affirmer que pour sa 11ième édition, ce pilier de la musique québécoise n’avait certainement pu prédire l’aube d’une pandémie internationale. En mode solution, ceux-ci ont créé les sessions d’écoute du Festif. L’occasion unique de découvrir en exclusivité des chansons et des albums inédits d’artistes québécois dans une atmosphère extérieure enveloppante, que ce soit près du fleuve, dans un parc, en forêt ou même dans un champ. L’expérience ne s’arrête pas là. En arrière fond ; les artistes mettront en contexte leur démarche créatrice et l’œuvre présentée. Mais il manque un petit quelque chose me direz-vous ? De la bouffe et de la bière right ? Cet aspect est aussi couvert avec une offre intéressante de bière de micro et des produits issus du terroir de la belle région de Charlevoix. L’idée est incroyablement bonne et d’une simplicité d’exécution. Elle s’harmonise aussi avec les différentes mesures sanitaires décrétées par le gouvernement.

Malheureusement, la seconde initiative de micro-expérience du Festif La petite affaire, une série de micro-spectacles intimes sur laquelle ils bossaient avec acharnement, a dû être annulée en lien avec le relâchement généralisé du respect des consignes. On est pas mal confiant d’affirmer que la team doit amèrement se rappeler le pèlerinage de milliers de gens du Québec pour les éditions passées et que ceux-ci rêvent de revenir au concept de leurs éditions précédentes.

Photo : Eva Blue – Fauv 2020

Les nouveaux genres d’expériences

De nouveaux concepts ont aussi vu émerger au milieu de ce tumulte. FAUV, ce Festival d’humour au Volant (un peu le même concept qu’un ciné-parc, mais avait un spectacle au lieu d’un film) a connu un premier week-end très réussi, à l’aéroport Montréal-Trudeau. À la grande surprise de tous (et même des organisateurs), c’est un total de plus ou moins 4000 spectateurs qui se sont déplacés pour les 5 premières représentations.  À proprement dit, rien n’indiquait une garantie de réussite et c’était un pari audacieux. Faire se déplacer des centaines de voitures (et tout autant de personnes) à l’aéroport pour voir un show d’humour, c’est audacieux. Il est à croire que le public québécois est en manque de divertissement et c’est compréhensible après avoir fait une période d’hibernation quasi aussi longue que celle d’un ours. “C’est certain que ça n’égalera jamais l’ambiance dans une salle, mais j’ai été agréablement surpris”, a reconnu Étienne Dano. Ce n’est pas forcément naturel comme processus que de visionner un spectacle de sa voiture, ni pour l’artiste ni pour le public, mais du moins ça alimente la nostalgie du temps qu’on criait dans l’oreille de son voisin pour lui faire part de notre appréciation du show. L’équipe de FAUV espère que le public sera au rendez-vous pour la suite des choses, mais rien n’est encore acquis.

Photo : David Marcu

Les défis sportifs tous ensemble chacun chez soi

Au niveau sportif, nous avons vu le Grand Défi Pierre Lavoie, événement philanthropique phare, être également annulé avec comme solution de rechange, de parcourir 1 million de kilomètres en joignant collectivement l’effort de chacun. Mission accomplie, car en tout et partout c’est 67 101 personnes qui ont parcouru plus de 2 millions de kilomètres.

Formule similaire du côté de L’Ultra-Trail Harricana, une compétition majeure de course en montagne. On oriente le tout aussi sur l’individu avec le défi Loup solitaire Harricana. Les coureurs pourront ainsi se mesurer à d’autres compétiteurs en effectuant le meilleur temps possible sur les parcours du 28 km et du 10 km qui sera comptabilisé dans un palmarès via des applications de courses à pied, et ce durant tout l’été. Il est possible de faire la course en petits groupes, mais encore une fois, en respectant les règles sanitaires misent en placent. Une grande finale prendra place la fin de semaine du 12-13 septembre avec ceux ayant exécuté le meilleur temps.

Photo : Mike Palmowski – TOMORROW LAND

Les festivals digitaux

Il est intéressant à l’étranger de remarquer que le festival Tomorrowland, face à la demande mondiale de trouver une alternative quelconque vu la situation actuelle, a décidé d’introduire et de créer une toute nouvelle plateforme grâce à laquelle les visiteurs peuvent participer à une expérience de festival de deux jours. Les visiteurs du festival pourront naviguer facilement dans un lieu virtuel accessible avec un ordinateur un smartphone ou une tablette. À l’image des autres éditions de Tomorrowland, la musique et les spectacles seront au cœur de cet événement. Le festival proposera de nombreuses scènes et afin de faire mousser davantage le hype, la scène centrale de cette année, qui incarne le thème de 2020 « Le reflet de l’amour – Chapitre 1 », sera dévoilé au monde entier lors d’une programmation spéciale de Tomorrowland Around the World.

Outre les représentations, il y aura toutes sortes d’expériences interactives à choisir, y compris des webinaires inspirants, des jeux et des ateliers liés au mode de vie. On parle donc ici d’une réinvention totale de l’expérience du festival, tout en apportant l’esprit de Tomorrowland. Afin que les gens aient tout de même accès à l’aspect humain de l’événement, ceux-ci sont invités à s’habiller avec leur plus bel accoutrement de festival, à monter des tentes dans leurs cours et à se créer un micro événement. Évidemment, l’aspect de la prévention et du respect des mesures mis de l’avant. Le Festival ne se contente donc pas de faire le transfert au digital, mais préconise la préservation des relations humaines à travers l’expérience.

Photo : Francis Gagnon – Festif

Être en mode solution a toujours été le quotidien dans notre activité, il est plaisant de voir des événements majeurs se réinventer et chercher à rebondir de cette crise. Il reste toutefois, que s’adapter à un virus et des mesures qui changent aussi rapidement demeure un défi de taille, comme peuvent vous le confirmer nos amis du Festif. Mais cela peut s’avérer être un succès au-delà des attentes, comme pour les défis sportifs.  Il est fort probable que la majorité des formules actuelles retourneront à leurs formats précédents une fois que nous aurons gagné cette bataille impromptue, mais la découverte et l’innovation sont de mise et plus que jamais. Il faut rester à l’affût d’expériences d’un nouveau genre qui vont découler de cette période, parce c’est souvent dans les périodes les plus sombres que naissent les idées révolutionnaires.

Et si on créait une nouvelle expérience ensemble? Rien de mieux qu’une bonne discussion.