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Création de contenu vidéo – Caméra ou téléphone cellulaire?

Temps de lecture : 5 minutes

Il y a dix ans, c’était presque impossible pour un jeune skater de se faire remarquer par les commanditaires s’il n’avait pas un/une ami(e) avec une caméra ou s’il ne participait pas aux grosses compétitions dans sa région. Mais comme l’a si bien écrit Réjean Tremblay dans Les Jeunes Loups : « La game vient de changer. ».

Avec les téléphones intelligents d’aujourd’hui, n’importe qui avec un peu de créativité peut filmer et monter une vidéo de qualité et la distribuer partout sur le web. Que ce soit iPhone, Samsung ou LG, les appareils d’aujourd’hui peuvent produire des vidéos en 4k, des super-ralentis et les stabilisateurs des téléphones sont désormais de très grande qualité. Mais attention, cette montée en puissance de la qualité des téléphones cellulaires n’amène pas que du positif selon certains caméramans professionnels de skateboard.

Comment la technologie change le monde du sport extrême ? Est-ce que le contenu créé par les utilisateurs a autant de valeur que celui créé par les professionnels ? Comment trouver le juste milieu entre le contenu filmé avec un téléphone et celui créé avec une caméra professionnelle ?

Photo : Chris et Antoine

« Ce qui est plate avec les vidéos filmées avec les téléphones, c’est que c’est souvent pour de la consommation rapide, affirme Charles Giroux, caméraman sur de nombreux projets d’envergure. Certains mettent en ligne un trick sur Instagram, mais du moment où tu l’as vu, tu scroll down et c’est déjà fini.»

Giroux, qui a participé aux films Chronologie d’Exo Shop, Enter the Red Dragon de Red Dragon Apparel et au film de Blind Skateboards, estime que les téléphones cellulaires peuvent rapidement nous faire tomber dans une culture de fast food du skate.

Alex Blais, un autre caméraman bien connu au Québec, abonde sensiblement dans le même sens. Mais selon lui, il y a du positif à retenir de cette évolution du contenu généré par les utilisateurs.

«Les skaters amateurs et les jeunes n’ont plus besoin de caméra, affirme-t-il d’emblée. Un skater qui a beaucoup de potentiel n’a plus besoin d‘être accompagné d’un caméraman, puisque n’importe qui peut filmer avec un iPhone et le mettre en ligne pour lui donner de l’exposure. D’un sens, c’est cool parce que ça permet à tous les skaters de se démarquer plus facilement… mais les caméramans sont encore nécessaires. Surtout pour les pros, c’est là où un caméraman va distinguer.»

Pour Chris et Antoine, croisés au skatepark en-dessous du viaduc Van Horne à Montréal, l’objectif est différent quand ils se filment avec leur iPhone.

« Si tu filmes avec ton cellulaire dans la rue, c’est sick, parce que tu peux poster immédiatement sur IG. »

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Photo : Charles Giroux / Alex Morin

Instagram, d’ailleurs, est devenu nettement plus important pour la communauté mondiale du skate. Le réseau social permet aux skaters de s’assurer l’exclusivité de leurs tricks. Essentiellement, si un skater réussit une manoeuvre à un endroit X et qu’il la filme, il peut se targuer d’en avoir l’exclusivité. Dans le monde du skate, l’originalité et la créativité sont clés.

« Récemment, mon ami a filmé un clip qu’il a mis sur Instagram la même journée qu’un autre ami voulait aller filmer le même trick avec sa vraie caméra, lance Chris. Comme le trick avait déjà été publié sur Instagram, ça avait plus la même valeur même si c’était pour être filmé avec une caméra alors ça valait plus la peine. Sur Instagram, tu peux avoir des views en une fraction de seconde! »

Sauf que les deux skaters croisés cet après-midi-là respectent encore énormément la valeur d’un vrai caméraman et l’équipement professionnel. Spécialement s’ils veulent que leur exploit se retrouve dans un film de skate commandité par une boutique ou une marque. C’est ce qu’on appelle un part de skate.

« Si on filme avec le téléphone, ça va toujours aller sur Instagram, ça se retrouvera jamais dans un part. C’est juste différent avec une cam… le son, l’image, tout est plus sick. »

Blais, qui a notamment produit le film ENFANCE du collectif DSC, encourage même les jeunes à ne plus dépenser une fortune dans de l’équipement. Quand ils auront besoin d’un vrai caméraman avec de l’équipement, il y en aura toujours un disponible.

« Y’a plus de raison pour un jeune de dépenser pour une caméra, prend ton iPhone, tu l’as déjà dans tes poches, ça pèse rien, c’est tellement facile! »

Photo : Chris et Antoine

Dans cet article, l’exemple utilisé est le monde du skateboard, mais la réalité est la même dans tous les sports extrêmes où les utilisateurs publient de plus en plus de contenu par eux-mêmes. Tout le monde semble se rejoindre le point suivant : l’avancement de la technologie des téléphones cellulaires est une bonne chose pour de la création de contenu rapide. Mais lorsqu’on veut un résultat optimal, rien de remplacera un caméraman spécialisé avec de l’équipement professionnel. 

Après tout, le fast food, c’est agréable… une fois de temps en temps.

Quelles sont les pires erreurs à éviter dans le monde de la photographie sportive? On vous en jase la semaine prochaine. Abonnez vous à notre newsletter pour ne rien manquer!